Se retrouver seul devant un texte… ou le lire à voix haute devant un public, qu’est-ce que cela change pour un jeune lecteur ? Tout, si l’on en croit l’enthousiasme et le plaisir des élèves de CM2 qui ont participé au jeu des Petits Champions de la lecture…
Partager le plaisir de lire
Passé le cap des séances de déchiffrage et des premières années d’école, on attend très vite des enfants qu’ils lisent “dans leur tête” plutôt qu’à voix haute. Trop vite ?
“La lecture orale devrait garder une place de choix dans leur quotidien jusqu’en classe de quatrième, plaide Delphine Saulière, rédactrice en chef du magazine J’aime lire. Plus on verbalise un texte, plus on a de chances de repérer les points sur lesquels on bute et de se corriger.” De quoi prêter attention aux subtilités de la langue et mieux s’en imprégner : “Pour faire passer les émotions du récit, il s’agit de mettre le ton et donc d’intérioriser le sens du texte. Face à un auditoire, la tentation d’énoncer machinalement des phrases disparaît vite.” Et c’est ainsi que, loin de se réduire à un support d’exercices scolaires, le texte peut être perçu aussi par les jeunes comme une occasion de partage. Un plaisir de la littérature sur lequel les “Petits Champions de la lecture” entendent bien mettre l’accent.
Devenir porte-parole du texte
Destiné aux élèves de CM2, ce grand jeu national de lecture à voix haute permet à chacun de faire découvrir un extrait d’œuvre de son choix à ses camarades, voire à d’autres écoles, dans le cas où l’on est sélectionné pour représenter sa classe.
“À travers les réactions du public, les participants prennent vraiment conscience de l’écho que peut avoir un roman. Au face-à-face entre le lecteur et son texte se substitue la force d’une expérience commune”, souligne Laura Baron, coordinatrice de l’opération.
Pour Timothée de Fombelle, auteur de l’incontournable Tobie Lolness et parrain de cette édition 2018, la lecture à voix haute rebat aussi les cartes : “Même des enfants qui ne sont pas de grands lecteurs découvrent qu’ils peuvent devenir les ambassadeurs d’une œuvre.”
À Paris, dans la classe de Stéphane Liévin, ont retenti cette année les mots d’œuvres classiques (Alexandre Dumas, Agatha Christie…), comme ceux de la littérature de jeunesse contemporaine (Évelyne Brisou-Pellen, Michael Morpurgo…). “Avec cet exercice ludique et simple à mettre en œuvre, les élèves se sensibilisent aux notions plus complexes de registre et de genre qu’ils étudieront plus tard au collège, en comprenant qu’ils ne peuvent lire un roman comme un poème, la notice d’un jeu ou un article de presse, observe l’enseignant. Ce jeu renforce aussi la cohésion de groupe et leur estime d’eux-mêmes.” Car pour adopter le ton juste, il faut accepter de mettre un peu de soi dans sa lecture et de s’exposer aux autres. Comme au théâtre ?
“Jouer un texte et le faire résonner sont deux approches différentes, répond Timothée de Fombelle. Alors que l’acteur, par son interprétation, peut en quelque sorte verrouiller le texte, le lecteur doit rester en retrait pour amener l’auditeur à faire une part du chemin lui-même et construire sa propre vision de l’histoire”. Une clé à garder en tête en attendant la prochaine finale des Petits Champions.
Aurélie Djavadi
En savoir plus sur Les petits champions de la lecture
Votre enfant aimerait participer avec sa classe à l’édition 2019 du grand jeu national de lecture à voix haute des Petits Champions de la lecture ? Vous souhaitez proposer ce jeu aux élèves de votre classe ?
Le magazine J’aime lire Max, partenaire des Petits Champions de la lecture, a publié, dans son numéro d’octobre 2016, une fiche de conseils pour aider ses lectrices et lecteurs à devenir des as de la lecture à voix haute.