Alexe est e-libraire et animatrice du blog Rien à Lire. Touchée et amusée par les deux romans du mois de février 2015 de J’aime lire et J’aime lire Max, elle évoque avec humour comment les histoires de frères et sœurs de “La bataille des slips” et “La star que je déteste” lui ont rappelé son enfance…
La crise de sept heures et quart
Voici deux histoires de frères et sœurs, farceurs, qui, preuve de leur affection plus profonde que leurs dissonances, vont passer leur temps à machiner des combines pour se permettre les meilleures blagues et les revanches les plus futées.
Piquer le slip magique du petit frère fainéant, faire que Justin Bieber réponde aux appels de cette fan de sœur qui nous inonde de posters, c’est toute une histoire ! Il faut, comme dans tout spectacle qui passe la rampe, assembler le coup tordu initial, la fine ruse imaginée en retour et ses détails les plus crédibles… pour que le poisson morde à l’hameçon vengeur… jusqu’à ce qu’on le remette à l’eau ! Bouh ! C’était pas si grave…
Frère et sœur, de sang ou de cœur, connaissent cette part d’amitié un peu féroce, souvent drôle, que d’autres nomment tendresse, jubilation, jeunesse… ou guéguerre !
Je me souviens que mes parents avaient repéré que, mon frère et moi, nous nous mettions à nous courser dans la maison à une heure bien précise. Je crois que c’était à dix-neuf heures quinze, chaque soir, invariablement, que nous nous courions après comme des sauvages, comme ces chats qui piquent leurs célèbres sprints ahuris sans explication logique.
Chaque soir aussi, comme nos héros, nous devions mettre le couvert. Et chaque soir ma mère s’égosillait à en trouver un sur les deux disponible pour cette – herculéenne – tâche domestique de rien du tout.
Je ne me souviens pas que c’était un slip, mais moi aussi j’avais des objets magiques auxquels mon frère n’avait pas accès. Quant à son ordinateur, un gros bidule gris avec des jeux bicolores noir et vert, j’avais in-ter-dic-tion totale de m’en approcher.
Je ne me souviens pas avoir abîmé ses affaires. Je ne crois pas qu’il m’ait gâché quoi que ce soit. Je ne suis pas sûre non plus qu’avec six ans d’écart nous partagions chacun de nos secrets.
Je me souviens surtout que dans cette course quotidienne, la “crise de sept heures et quart”, je n’ai jamais autant ri, ni follement crié d’excitation, écarlate, essoufflée ! Comme des gosses. Tous les gosses, dans leur liberté d’imaginer et de rire. Libres de se défouler, de se faire “Bouh !” entre chaque porte, de dégainer n’importe quelle astuce comme mise en déroute pas dangereuse. Forcément pas dangereuse. Juste pour rire. La vraie-fausse guerre, où c’est le but du jeu d’être “morts de rire”.
“C’est du sérieux de rire !”
C’est qu’il en faut de l’intelligence pour se marrer, et faire marrer. Surtout avec l’ambition de rester vraisemblable, c’est du sérieux de rire. Justin Bieber en personne ! Superman qui joue à l’élastique ! Chouette de constater que les malignes et les finauds de ces drôles d’aventures trouvent des complices dans leur entourage, autres enfants ou, même, adultes amusés par l’entourloupe !
Il est toujours bon de rappeler que le véritable rire est rarement cruel. Il tremble trop de se faire prendre ! Et puis, comme au spectacle, on n’est pas là pour se faire mal pour de vrai… À l’image de cette star, adulée ou décriée, frères et sœurs enchaînent cris de joie et barrissements furieux dans leurs rapports vivants, chatoyants. Pleins de nuances, comme une bonne blague. Comme une bonne crise… de rire. On pourrait en faire un cri de guéguerre : “J’aime lire, j’aime rire !”
Je vous souhaite une bonne lecture, et je vous dis à bientôt.